L’utilisation d’un pseudonyme découle de la volonté de l’artiste de privilégier l’expression produite à l’identité. Peintre figuratif, l’acrylique et l’huile sont ses médiums de prédilection, il les emploie sur toile ou in situ pour interroger le devenir de la substance industrielle. Diplômé de Strate College, l’étude de l’objet a déterminé ses recherches plastiques : comprendre leur philosophie, leur usage et leur détermination le conduise à capter en peinture leur vie puis leur après-vie. A l’heure où les matériaux employés dans l’industrie sont pensés pour être recyclés ; à l’heure d’une consommation accélérée et quand l’obsolescence est programmée, il peint la déliquescence des corps travaillés par l’homme. Dans une société qui se définit par la possession matérielle, quelle place et quel avenir accordons-nous à l’objet physique? Du portrait de l’objet à la question de l’empreinte, la pratique de l’artiste tend à explorer la résurgence inévitable de la forme et la matière.
C’est par la représentation d’épaves que Zoer explore ce premier état de transformation et de transition. Par le prisme de l’automobile, incarnant toute la complexité du XX siècle tant dans ses contraintes techniques que son impact sociologique, il mémorise le dernier reflet d’un passé qui s’efface très vite et dont la déconstruction semble à même de rendre enfin compte de toute son épaisseur. En peinture, il interprète le romantisme des espaces en mutation où l’objet est laissé entre les mains de la providence, la tôle redevient nature, la forme devient contour et la couleur brûle, s’oxyde, est solarisée, s’organicise. C’est la délicate dramaturgie du crépuscule des objets qu’il exprime, par une touche oscillant entre précision et rapidité associée à une palette colorée intense et lumineuse. Zoer souhaite garder la trace de ce passé industriel conçu par et autour de l’Homme.
Dans sa série la plus récente, SUB, il est question d’explorer picturalement toutes les acceptations de ce préfixe. Ses premières recherches le conduisent à représenter des objets submergés pour les figer dans le pigment ou pour bouleverser l’organisation du paysage. Habituellement représenté sous la forme d’une vue panoramique, sa submersion, ainsi que celle des objets, sont mis en distance d’observation par l’utilisation de vues plongeantes. La stabilité angulaire de l’horizon est abandonnée pour préférer l’étendue du plan et ainsi exprimer la dilution des créations de l’être humain. En adoptant un axe de perspective descendant, les substances prennent du relief ; les reflets confèrent un aspect sculptural aux formes et matières ; la frontière devient mince entre peinture et bas-relief. Du fantasme du passé à la sédimentation du réel, Zoer souhaite regarder différemment l’espace, les objets et la substance en les détachant de leur ustensilité.